Anita vivait dans une jolie maison au bord de la rivière. Elle y coulait des jours heureux. C’était l’été et il faisait très beau. Elle habitait seule avec sa petite fille âgée de 6 ans, Mounia, car son mari travaillait loin, très loin. A l’endroit où elles vivaient, il n’y avait pas de travail. Il partait longtemps, car le voyage coûtait cher, et envoyait de l’argent à sa petite famille, chaque fois que son patron le payait.
Le ventre d’Anita s’arrondissait de jour en jour parce qu’elle attendait un bébé. Bien que petite, Mounia l’aidait beaucoup dans la maison. Malgré cela, Anita était de plus en plus fatiguée.
Lorsque Mounia avait fini ses corvées et ses devoirs, elle aimait à jouer avec un jeune chien errant qui vivait non loin de sa maison. Sa maman ne l’aimait pas, car il était crasseux et ne lui inspirait pas confiance. Anita craignait qu’il morde sa fille, la blesse ou lui transmette une maladie.
Un jour, alors qu’il faisait particulièrement chaud, Anita s’assit plus fatiguée que jamais. Elle était accablée par la chaleur et la lourdeur de son ventre. Chaque mouvement lui coûtait. Alors qu’elle était assise sur une grosse pierre, elle eut l’impression de faire pipi.
- Oh, j’ai perdu les eaux, s’exclama-t-elle. Mon bébé va sortir. Vite, il faut trouver le médecin !
Elle appela :
- Mounia !
- Mounia !
- Mounia !
Mounia était partie jouer trop loin. Elle n’entendit pas les appels de sa maman. Les premiers voisins susceptibles de lui porter secours étaient bien trop loin pour une femme prête à accoucher.
- Mounia !
- Mounia !
- Mounia !
Anita appela de plus belle, mais personne ne vint. Comment appeler le médecin alors qu’elle n’avait pas le téléphone ? Comment se rendre à l’hôpital sans moyen de locomotion ?
Soudain, accourut le petit chien errant qu’Anita n’aimait pas.
- Mounia !
- Mounia !
- Mounia !
Anita continuait d’appeler et le petit chien se mit à japper devant elle. Elle lui semblait fatiguée et inquiète. En effet, elle craignait de perdre son bébé car, quelque fois, il arrive qu’une naissance se passe mal. Le petit chien finit par s’en aller en courant, comme il était venu.
- Mounia !
- Mounia !
- Mounia !
Personne ne venait et Anita ne savait pas où sa fille était passée. A mesure que le temps passait, Anita s’inquiétait davantage. Une heure passa, interminable. Elle se résolut alors à accoucher seule, dans un coin de son jardin, en priant de toute son âme pour que rien de fâcheux ne lui arrive à elle, ou à son bébé. Elle était en pleine prière lorsqu’elle entendit des pas approcher.
- Mounia !
- Mounia !
- Mounia !
Ce n’était pas Mounia mais le petit chien qui galopait. Derrière lui, arrivait un voisin. C’était Mohammed. Sa maison était assez loin mais son grand champ d’oliviers bordait la demeure d’Anita. Mohammed comprit immédiatement ce qui se passait car il avait 8 enfants. Il retourna en courant vers son champ et enfourcha son âne pour aller chercher, au galop, le médecin du village. Lorsque les deux hommes revinrent, l’accouchement d’Anita était imminent. Le médecin fit chauffer de l’eau, se lava les mains puis aida Anita à mettre son enfant au monde.
Lorsque Mounia revint, elle remarqua que la maison était particulièrement animée et que son ami le petit chien mangeait une solide collation, dans une belle assiette. Sa maman dorlotait son petit frère. Elle lui expliqua que, grâce au petit chien, elle avait pu trouver du secours.