Lucie, la petite chèvre, aimait gambader dans la campagne. En broutant de-ci de-là, elle se retrouva devant une jolie fleur. Elle la regarda et se dit qu’elle devait être bien bonne. Lorsqu’elle s’en approcha davantage pour la croquer, la fleur se mit à hurler de toutes ses forces.
- Non, non ! Ne me mange pas ! Toi, tu as encore de nombreuses années à vivre mais moi, ma floraison ne durera pas. Je t’en supplie, épargne-moi, n’abrège pas ma petite vie déjà si courte !
Étonnée, Lucie s’arrêta tout net. « Une fleur qui parle, ce n’est pas ordinaire » se dit-elle. « Qu’elle est belle… Comme elle doit être bonne à manger… ». Elle se souvint alors de ce qu’elle voulait faire avant d’être interrompue et engloutit la fleur d’un seul coup. Elle la mâcha et l’avala, puis continua son chemin sans plus y penser.
Le lendemain matin, Lucie fut réveillée par des rires. Les chèvres de son troupeau s’esclaffaient bruyamment en la regardant. Son pelage était comme un papier peint à fleurs. En voyant cela, elle reconnu celle qu’elle avait mangé la veille, malgré sa supplique. Elle était maintenant dessinée à l’infini sur les poils de Lucie. Elle eu beau regretter sa gloutonnerie insouciante, rien n’y changea.
Plusieurs jours durant, les autres chèvres ricanèrent en la regardant du coin de l’œil. Lucie était malheureuse. Elle se disait que la fleur l’avait surement été encore plus qu’elle. Les pétales perdirent alors doucement leurs couleurs. Ensuite, ils tombèrent un à un. La fleur fanant, Lucie perdait ses poils colorés. Ne gardant que sa barbiche, elle se retrouva bientôt nue. Les chèvres du troupeau se tordaient littéralement de rire à chaque fois qu’elles l’apercevaient. La fleur était morte après lui avoir joué une sacrée farce. Quand le pelage de Lucie repoussa, elle se promit de ne plus causer du chagrin avec tant de nonchalance.
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