C’était un bel été dont les douces soirées s’étiraient en longueur. Félicie, la petite luciole, vivait dans l’herbe avec ses amies. Ensemble, elles brillaient gentiment sous les étoiles en discutant. Soudain, Félicie vit une grosse luciole, au loin. Elle brillait de mille feux et son éclat la fascina. Félicie décida d’aller la voir de plus près, malgré les mises en garde de ses compagnes.
- N’y va pas, c’est peut-être dangereux.
- Oui, c’est vrai, elle a raison, les humains font des choses monstrueuses qui brillent la nuit et nous grillent en un clin d’œil quand on s’en approche !
- Allez Félicie, reste ! On n’est pas bien ici ?
Après un long périple, elle se retrouva au côté d’une étrange créature. « Qu’elle est énorme ! » se dit Félicie. Intimidée, elle prit son courage à deux mains pour lui adresser la parole.
- Bonsoir.
La grosse luciole ne répondit pas, alors Félicie insista, en vain. « Quelle étrange luciole. » se dit Félicie. « Peut-être parle-t-elle une autre langue. » Félicie tenta donc une petite danse, sans plus de succès. Soudain, un petit « clic » se fit entendre et la grosse luciole cessa de briller. Cet événement laissa Félicie totalement perplexe. Elle attendit jusqu’au bout de la nuit, en s’évertuant à la faire réagir de maintes façons, mais rien de nouveau ne se produisit. Félicie s’endormit à côté de la grosse luciole, bien décidée à percer son mystère.
Le lendemain soir, lorsque Félicie s’éveilla, la grosse luciole était déjà réveillée. Elle inondait son voisinage d’une puissante clarté. Félicie en fit le tour plusieurs fois. Ne trouvant pas la tête à laquelle elle pourrait s’adresser, elle entreprit de tourner sans cesse autour de la grosse luciole. Félicie chanta, raconta des blagues, dansa, poussa ses cris les plus effrayants, tapa bruyamment sur le sol, cogna la carapace de la grosse luciole, chuchota, fit des acrobaties, apporta de bonnes choses à manger, l’arrosa, fit des grimaces, de jolis sourires, des confidences, récita ses tables de multiplications, des poésies. Rien n’y fit. Soudain, le petit « clic » de la veille se fit entendre, et puis plus rien, si ce n’est la nuit noire.
La troisième nuit commença comme la précédente : Félicie émergea de son sommeil sous la lumière de la grosse luciole. Cependant, elle en eut rapidement assez de faire des pantomimes autour de cette créature qui la snobait.
- Pour qui te prends-tu toi ?
- …
- J’en ai marre de faire l’andouille autour de toi pendant que tu m’ignores !
- …
- Puisque c’est comme ça, je m’en vais. Tu es trop fière et trop bête pour que l’on s’intéresse à toi !
Mécontente, Félicie s’en alla en maugréant. Un gros « clac » retentit alors, suivi d’une voix tonitruante : « Robert ! Viens changer l’ampoule du jardin, elle vient de griller ! ».
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