C’était l’automne, avec son ballet d’odeurs et de feuilles mortes. Dans la forêt, un écureuil remontait péniblement le long d’un tronc d’arbre. Chargé de noisettes, il se pressait de faire ses réserves pour l’hiver. Sur une branche près de lui, une pie se posa. De peur qu’elle ne lui volât sa pitance, l’écureuil poursuivit son chemin en l’observant avec méfiance. La pie ouvrit le bec pour chanter mais elle ne put émettre aucun son. A la place, jaillit un jet de petites fleurs. L’écureuil fut fort étonné et la pie carrément stupéfaite. Paniquée, elle voulut crier quelque chose, mais des brassées de fleurs multicolores s’échappèrent de son gosier. L’écureuil éclata de rire, ce qui n’amusa guère la pie. Cherchant à protester, elle ne parvint à produire qu’un nuage de feuilles mortes. Alors elle baissa la tête, découragée.
L’écureuil lâcha ses noisettes et s’approcha de la pie, désolé qu’il fût de lui avoir causé de la peine. Une autre pie, qui avait vu la scène, se moqua de la malheureuse puis s’envola en ricanant. D’autres écureuils s’approchèrent de la pauvre pie pour la réconforter.
Elle resta quelques temps auprès des écureuils, ses nouveaux amis, les autres pies ayant décidé de la rejeter.
Un mercredi après-midi, Magalie se promenait dans la forêt à la recherche de châtaignes. Elle en remplissait son panier pour que sa maman les fasse griller. Au milieu des feuilles mortes, elle trouva des petites fleurs. Quelle jolie surprise, se dit-elle. Les fleurs formaient un chemin sur le sol. Elle décida de le suivre. Au pied d’un arbre, elle découvrit un tas fleurs fraîchement cueillies. Sur une branche de l’arbre, une pie était immobile et silencieuse. Magalie et la pie se regardèrent. L’oiseau ouvrit alors le bec pour chanter mais, à la place du chant, des fleurs tombèrent en pluie fine. Magalie n’en croyait pas ses yeux. Elle resta longtemps à admirer ce spectacle délicieux.
En rentrant chez elle, elle raconta son incroyable rencontre mais, évidemment, personne ne la crut. Les jours suivants, lorsqu’elle n’avait pas école, elle retournait dans la forêt pour admirer la pie. Semaine après semaine, avec une infinie patience, elle s’en approcha doucement. L’oiseau se laissa apprivoiser et finit par se poser sur l’épaule de l’enfant. De retour chez elle avec des fleurs dans les cheveux, elle expliquait à ses parents que la pie les lui avait données. Ils n'y croyaient guère et se disaient que leur fille ne manquait pas d'imagination.
Un jour, Magalie sortit de la forêt avec la pie sur l’épaule. Elle se rendit au magasin de sa maman qui était fleuriste. Dans la boutique, l’oiseau répandit des fleurs de toutes les couleurs. La maman de Magalie et ses clients étaient émerveillés. La surprise passée, la maman de Magalie offrit des graines à l'oiseau magique et ramassa ses fleurs pour agrémenter quelques bouquets. Heureuse de l'accueil chaleureux qu'on lui avait réservé, la pie s'installa dans l'échoppe. La renommée de la fleuriste se propagea rapidement. On vint bientôt de très loin pour assister au prodigieux spectacle offert par la pie et acheter les jolis bouquets confectionnés grâce à elle. L'oiseau vécut heureux au milieu de sa nouvelle famille.