Il fait beau, c’est l’été, Nicolas est enfin en vacances mais il s’ennuie car ses copains sont déjà partis. En plus, c’est l’heure du goûter et il a faim, mais il n’aime pas les nouveaux biscuits que maman a achetés. Ne trouvant rien de mieux à faire, il joue sans grand intérêt avec son ballon en l’envoyant le plus haut possible. Lorsque le ballon rebondit sur le toit, une idée plus amusante lui vient : le projeter sur la toiture, au plus près du faîte, en veillant à ce qu’il ne bascule pas de l’autre côté de la maison.
Alors qu’il ajuste son tir, le klaxon d’un camion le fait sursauter. Le ballon s’en trouve catapulté dans le jardin de la voisine, une vieille femme qui lui fait peur et vit entourée de nombreux chats. Inquiet à l’idée d’affronter cette sorcière, Nicolas envisage d’entrer clandestinement chez elle pour récupérer son bien. « Maman n’aimerait pas ça » se dit-il. Discrètement, il la cherche et la trouve occupée à changer la couche de sa petite sœur qui vient de terminer sa sieste. « Oh ben là je suis tranquille un bon moment » se dit le garnement. Il file aussitôt chercher un escabeau dans le garage.
Il grimpe le long du mur de la voisine, s’assure qu’elle n’est pas là, enjambe l’obstacle et, prenant son courage à deux mains, saute de l’autre côté. Rapidement, il récupère son ballon et fait demi-tour. Il est alors attiré par un magnifique panier de fraises. Nicolas hésite, regarde autour de lui puis, cédant à la faim et à la gourmandise, en mange une. « Hmm ! Qu’est-ce qu’elle est bonne ! ». Du coup, il en avale quelques autres en éprouvant des difficultés à s’arrêter. A regret, il se résout pourtant à rentrer chez lui. D’un vigoureux coup de pied, il y expédie son ballon et s’approche du mur. Il constate alors qu’il est trop haut pour lui et que l’escabeau est resté de l’autre côté. Il scrute en vain le jardin de la vieille pour trouver une issue ou de quoi franchir le mur. Tout à coup, il découvre que la voisine était installée à l’ombre d’un saule et qu’elle le regardait depuis le début. Embarrassé, apeuré, du jus de fraise sur les lèvres, il est désemparé.
Contre toute attente, la vieille, d’habitude austère, se lève et s’approche de lui avec un grand sourire : « Elles sont bonnes mes fraises, hein mon petit ? Prends en d’autres si tu as faim ». Etonné, Nicolas la regarde sans réagir. Elle prend le panier et lui tend : « Vas-y, sers-toi, je viens de les cueillir ». Le garçon reprend ses esprits et quelques fraises en bredouillant « Merci ».
Avec gentille, la voisine propose à Nicolas de s’assoir à la table du jardin devant un bol de fraises et un verre de lait. Il accepte et elle bavarde avec lui pendant qu’il se restaure. Sa faim calmée, il déclare : « Merci Madame… heu… il faudrait peut-être que je rentre, maman va s’inquiéter ».
« Tu as raison, dit-elle, il ne faut pas inquiéter sa maman. Viens, je vais t’ouvrir la porte du jardin, ce sera plus pratique que d’escalader mon mur, ajoute-t-elle avec malice ».
Content de cette rencontre inattendue, Nicolas s’apprête à prendre congé lorsque la vieille dame lui donne un saladier plein de fraises : « Tiens, tu partageras ça avec tes parents et ta petite sœur. Mes petits enfants arrivent demain pour les vacances. Tu pourras jouer avec eux, si tu veux ».